«À quel saint se vouer sinon qu’à Dieu»

Cet article est tiré du Cyber-bulletin 9.4 de l’AQANU

Des nouvelles de Pilate, nous ne les avions pas encore reçues au  moment de la rédaction de notre Cyber-bulletin spécial sur les incidences pour nos partenaires de la crise politique et sociale sévissant en Haïti.

Agathe Pellerin qui vit en Haïti nous a été encore une fois d’un précieux secours elle qui a pu entrer en communication avec le père Frantzdy Joseph. Elle nous a acheminé ses commentaires par courriel, les ayant transcrits à partir d’une communication WhatsApp. Le père, qui vit à Pilate, a expliqué qu’il n’avait pu répondre à nos messages, sa connexion Internet étant déficiente. Le blocage des routes et la rareté du carburant causent de sérieux maux de tête aux fournisseurs de téléphonie mobile qui, dans certaines régions du pays, doivent alimenter les génératrices de leurs antennes, a-t-il mentionné.

Le père Frantzdy Joseph que Roger Clavet, membre de l’AQANU Bois-Francs a rencontré à Pilate il a quelques mois.
(Photo Paul Bergeron)

Le père Frantzdy écrit : «Ainsi, ce qui se passe au pays en général n’épargne pas la commune de Pilate. Vous avez grandement raison de vous inquiéter, car nous sommes actuellement dans une situation chaotique parce que la commune de Pilate est actuellement contrôlée par des gens lourdement armés qui réclament la démission du président. Les autorités communales, en particulier le maire principal, fuient la commune. Les autorités judiciaires se mettent à couvert et la police ne contrôle rien. Il y a eu des personnes tuées par balles et par lynchage avant d’être brûlées. Depuis le début du mois d’octobre, aucune école ne peut fonctionner, car les gens qui protestent interdisent le fonctionnement des écoles. Ils brûlent par moment des pneus à travers les rues et font chanter les canons comme bon leur semble sans être inquiétés par les forces de l’ordre. De là, votre inquiétude est raisonnable parce que maintenant à Pilate comme pour une grande partie de pays on ne sait pas à quel saint se vouer si ce n’est qu’à Dieu. Toutes ces situations de violences politiques et sociales sont ajoutées aux problèmes économiques où l’inflation galopante et la misère infernale prédominent à chaque jour».

Le père Frantzdy illustre aussi les incidences du climat social et politique en parlant de la frousse qu’ont eue ces 28 jeunes femmes, étudiantes en soins infirmiers. Pendant qu’elles se trouvaient en stage à l’hôpital de Léogane, des manifestants s’y sont présentés pour réclamer de l’argent, annonçant qu’ils reviendraient le soir pour le chercher. «Imaginez la peur de ces 28 jeunes filles», écrit le père Frantzdy alors que quelque temps auparavant, la mairie et le commissariat de police avaient été incendiés. Le «ciel», pourrait-on dire, leur est venu en aide puisque le soir, un gros orage a probablement découragé les manifestants de rappliquer à l’hôpital.

Hélène Ruel

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