AQANU-Granby met l’épaule à la roue du développement durable

Ce texte d’Hélène Ruel est tiré du Cyber-Bulletin 9.8 de l’AQANU

Confronté à ce qui se passe en Haïti, on pourrait «vouloir tout faire» ou encore «geler devant la lourdeur de la tâche», comme l’a résumé Clément Roy, responsable du comité AQANU- Granby et région. Il y a pourtant d’autres moyens, et aussi durables que l’AQANU – bientôt 50 ans – pour mettre l’épaule à la roue du développement social et économique de communautés haïtiennes.
Le 9e déjeuner annuel de l’AQANU-Granby et région a réuni une trentaine de personnes au café Madame Hortense samedi dernier. Y ont participé le président de l’AQANU, Dr Emilio Bazile en provenance de la région de l’AQANU-Outaouais, l’ex-président Réginald Sorel (Bois-Francs) et plusieurs membres du conseil d’administration de l’Association, sa région de Montréal étant également représentée.

Actif à l’AQANU tant à l’échelle régionale (10 ans) que nationale (4 ans), Clément Roy a présenté le bilan du programme que soutient l’Association de Granby en Haïti. (Photo Hélène Ruel)

Par son exposé intitulé La roue du développement durable, Clément Roy a expliqué comment l’AQANU, «petite association tenace», composée exclusivement de bénévoles, contribue à améliorer les conditions de vie des petits paysans de la région de Baptiste en Haïti. On n’entend pas parler de cela, puisque, en général, les médias se nourrissent peu des succès qu’obtiennent les petites associations comme l’AQANU, a-t-il souligné.
En trois ans, l’AQANU-Granby et région a versé 19 000 $ au projet Les savoirs des gens de la terre (LSGT) qu’UPA-DI pilote en partenariat avec des paysans membres de l’Union des coopératives de café de Baptiste (UCOCAB). Constituée de sept coopératives, cette dernière regroupe 1500 membres.
C’est, notamment, grâce à l’importation et la vente du café haïtien (Noula) que l’AQANU amasse l’argent pour soutenir les projets. Le président Bazile, Haïtien d’origine, a rappelé que dans les années 1950 et 1960, la Perle des Antilles était la deuxième productrice mondiale de café, après le Brésil. C’est loin d’être le cas aujourd’hui. «En stimulant la production de café, Haïti se réapproprie du savoir», a indiqué Clément Roy.

Les convives ont pour ainsi dire trinqué à la santé des paysans d’Haïti avec le café qu’ils produisent à Baptiste. À l’avant-plan, le président de l’UPA de la Haute-Yamaska, Jérôme Ostiguy, trinque aussi. . (Photo Hélène Ruel)

Il a parlé d’«économie circulaire» puisque, des producteurs haïtiens, c’est par
une autre coopérative de solidarité (Noula) qu’est importé le café vert qu’elle torréfiera dans ses installations de Chicoutimi. Et c’est dans une classe du Centre régional intégré de formation (CRIF) de Granby qu’est moulu, pesé et ensaché le café. Ces jeunes s’avèrent un autre rouage important dans le projet, a souligné le responsable de l’AQANU-Granby et région.
La vente de café (300 livres l’an dernier) ainsi que l’adhésion d’une vingtaine de contributeurs au Club des 100 (ils s’engagent à verser une contribution de 100 $ par année) permet à l’AQANU-Granby et région de poursuivre son engagement auprès des paysans de Baptiste.
En 2018, 60 projets d’entreprise avaient été retenus, 10 favorisant une augmentation de la production de café, 29 pour la culture du haricot, un aliment essentiel, 13 pour la culture maraîchère et 8 pour des fermes d’élevage.
Onze familles ont pu démarrer ou donner de l’expansion à leur entreprise grâce à un prêt de 450 $. Puisque, après 2 ans, 47% de la somme prêtée avait été remboursée, 8 nouvelles familles ont pu aussi accéder au microcrédit.
Pour la troisième phase du programme, il s’agissait pour les paysans de l’UCOCAB de convenir d’un projet collectif. Ils ont choisi de créer une boutique d’intrants qui leur faciliterait l’acquisition de ce dont ils ont besoin pour travailler, comme des semences, des outils, etc.
«En Haïti, il n’y a pas de structure pour les producteurs et le gouvernement ne les aide pas. Pour vivre, il faut manger et pour manger il faut faire pousser des plantes pour nourrir les animaux ou pour nourrir les humains, a dit Jérôme Ostiguy. Les gens veulent apprendre.» Président de l’UPA de la Haute-Yamaska, M. Ostiguy a été invité à prendre la parole lors du déjeuner. Il a, par la suite, manifesté son intérêt à soutenir l’AQANU.
L’automne dernier, le producteur de Shefford a été l’hôte, le «maître de stage» pour deux personnes associées au programme LSGT de l’UPA-DI, l’un en provenance du Bénin, l’autre d’Haïti. Dans le deuxième cas, il s’agissait de Jean-Baptiste Jean Plésir, un ami et partenaire de l’AQANU.
Et c’est justement de M. Jean Plésir que Clément Roy a pu recueillir des
commentaires sur les retombées du projet à Baptiste. «Les paysans ne partent pas de zéro. Leur entreprise devenant plus rentable, ils peuvent ainsi se payer des médicaments, envoyer leurs enfants à l’école, améliorer leur maison, parfois même payer des frais funéraires», a cité M. Roy.

Le comité régional de l’AQANU-Granby se compose de Walter Fleuristil, Pierrette Ruel, Germain Touchette, Clément Roy, Julie Ostiguy et Ricardo Germain. (Photo Hélène Ruel)

Avec les autres membres du comité AQANU-Granby, Julie Ostiguy, Pierrette Ruel, Germain Touchette, Walter Fleuristil et Ricardo Germain, Clément Roy a annoncé que le prochain déjeuner, le dixième, s’attardera à ce qui se profile à l’horizon pour les prochaines années, évoquant des projets liés à des cantines scolaires et au reboisement.
L’économie circulaire, le développement durable… et écologique demeurent dans la mire de l’AQANU. «On avance toujours, malgré la situation difficile en Haïti!», a-t-il conclu.
Hélène Ruel

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