Christiane Bruyère, éducatrice sans frontières

Ce texte est tiré du Cyber-bulletin 11.5 de l’AQANU

Christiane Bruyère (Photo Émilie Tremblay-Bruyère)

Avec de «petits moyens, on peut faire de grandes choses», croit Christiane Bruyère, parlant des actions de l’AQANU. Elle laisse entendre que pour cultiver des projets en coopération internationale, il vaut mieux procurer un petit peu d’eau à la fois plutôt que d’en déverser une grande quantité qui ne fera probablement que ruisseler à la surface. «Avec l’AQANU, on fait des petits pas et on laisse les partenaires responsables de la réalisation des projets.»

Originaire de Québec où elle réside toujours, Christiane Bruyère fait pourtant partie de l’AQANU-Granby. Cela parce qu’un jour, au temps où elle vivait et travaillait en Haïti, elle a accueilli le coopérant volontaire Clément Roy, aujourd’hui président d’AQANU-Granby.

Depuis un peu plus d’un an, elle fait partie du comité d’analyse des projets de l’AQANU, en compagnie de Germain Touchette, de Reginald Sorel et du nouveau venu Luc Allaire.

Un parcours diversifié

Éducatrice de formation, elle a œuvré auprès de diverses clientèles d’élèves ayant des difficultés d’intégration, devant se déplacer à de nombreuses reprises en raison des changements dans les écoles, ces changements étant occasionnés par la métamorphose du quartier Saint-Jean-Baptiste. C’était à l’époque de la construction des édifices gouvernementaux et des bretelles de grands boulevards.

Elle a officiellement pris sa retraite en 2006 alors qu’à partir de 1982, elle avait occupé des fonctions d’adjointe et de directrice d’école de trois établissements de la Commission scolaire de Beauport.

Pour appuyer sa collègue Michelle Ladouceur, directrice de l’école Saint-Dominique à Lévis, Christiane Bruyère reprend le collier, à temps partiel, afin de s’occuper de la vie étudiante.

Haïti dans le viseur

C’est dans ce contexte, par Mme Ladouceur dont le fils était coopérant en Haïti, par l’organisation de la finale régionale de la Dictée PGL et par l’accueil d’une délégation d’Haïtiens que Christiane Bruyère donne, en quelque sorte un nouveau tournant à sa vie professionnelle.

Elle retrouve dans ses papiers, un vieux document sur la Fondation Paul-Gérin-Lajoie (PGL). Ces papiers l’incitent à consulter le site Internet de la Fondation pour y apprendre qu’un poste est ouvert en Haïti. «Nous sommes en octobre et la date de tombée est en septembre.»

Qu’à cela ne tienne, elle se soumettra à l’entrevue non sans s’être questionnée sur ses capacités. Pourrais-je vivre à la chaleur? Quel regard posera-t-on sur moi qui suis blanche?

Comme pour explorer le terrain, elle s’était rendue en Haïti avec Mme Ladouceur pour un premier séjour de trois semaines.

À partir de 2012 jusqu’en novembre 2016, dans le cadre du Programme de coopération volontaire (PCV), toujours pour la Fondation PGL, Christiane Bruyère vit et travaille en Haïti. Elle a, entre autres, la tâche de voir comment peut s’appliquer le programme de scolarisation aux élèves «surâgés», ceux de plus de 9 et 10 ans.

Photo prise à Trouin en Haïti. Christiane Bruyère figure avec des membres du personnel enseignant de l’École presbytérale Sainte-Anne. (Photo gracieuseté)

Ses fonctions seront modifiées à la suite de la restructuration du PCV en 2015. Au lieu d’assumer la responsabilité du volet éducation du PCV, elle détiendra celle d’accueillir, à Port-au-Prince, tous les coopérants volontaires des organisations non gouvernementales : de la FPGL, du CECI, de SACO et de l’EUMC. Respectivement, ces organisations s’affairent au développement en éducation, en gouvernance, en économie et en formation technique et professionnelle.

Par ses nouvelles fonctions, elle a notamment fait la connaissance de Clément Roy et de Réginald Sorel, tous deux coopérants volontaires.

Jusqu’à son départ d’Haïti, elle siégeait à la Table de concertation de la Commission Éducation du CLIO (Cadre de liaison Inter ONG), créée en 2005 et regroupant aujourd’hui une cinquantaine d’organisations haïtiennes et étrangères. Et c’est à cette époque, à titre de membre du Groupe stratégique de la Commission qu’elle avait signé le Pacte national pour une éducation de qualité mis de l’avant par le ministre Nesmy Manigat.

Elle a quitté Haïti à la fin du PCV en novembre 2016. Elle dit que, de façon générale, ce programme a eu de bons effets, mais qu’«on a trop longtemps travaillé en silos». Elle dit aussi qu’il faut se rappeler que les premiers coopérants ont été les communautés religieuses et que, se professionnalisant, la coopération a fini par «coûter plus cher en logement et en transport»!

L’éducatrice sans frontières s’est fait un devoir d’apprendre le créole; elle en fait une question de respect. Elle aurait souhaité retrouver les femmes haïtiennes que le PCV a aidées. Elle fait allusion entre autres à cette dame des Gonaïves qui, ayant créé une école privée primaire et secondaire, souhaiterait aujourd’hui implanter un «cégep».

Si les pays veulent aider Haïti, le meilleur moyen serait celui de favoriser la formation de ses jeunes sur place, dans leur pays, croit Christiane. «Les Haïtiens qui étudient ici la médecine en apprendront beaucoup sur le diabète, mais pas sur la malaria; ils ne seront pas formés aux réalités de leur pays.»

Conseillère à l’exécutif des Éducateurs sans frontières et membre du comité de communications, elle nourrit l’espoir que la population haïtienne finisse par «se solidariser et résister à ce qui se passe. J’espère seulement que ça ne va pas être trop violent».

Elle poursuit en disant qu’en cette période d’attentats, d’assassinats de manifestations en Haïti, «ça n’inspire pas d’y aller». Mais puisque, aujourd’hui, on ne peut plus se déplacer, cela force les partenaires locaux à se débrouiller, constate-t-elle.

Malgré le contexte difficile limitant les déplacements, Christiane Bruyère poursuit son engagement à la Fondation PGL, des formations à distance pouvant être offertes… lorsque la technologie haïtienne le permet.

Hélène Ruel

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