«Des projets qui font du bien… aux gens et à la terre»

Depuis un peu plus de dix ans, depuis le séisme en Haïti, Julie Ostiguy donne de son temps à l’AQANU, au comité de Granby plus précisément, là où elle habite.

C’est de chez elle, ayant pris le relais du regretté Germain Touchette, que le café haïtien est distribué, cultivé par les producteurs de l’Union des coopératives du café de Baptiste (UCOCAB), importé et torréfié par la coopérative de solidarité québécoise, nOula, moulu, pesé, ensaché par les élèves de Stéphane Nadon au Centre régional intégré de formation de Granby.

Julie Ostiguy, fière promotrice du café haïtien. (Photo gracieuseté)

Ce parcours du café, Julie ne se lasse pas de le raconter, chaque fois qu’elle en a l’occasion, en public ou en privé. Parce que, explique-t-elle, ce café que vend l’AQANU-Granby profite tant aux paysans haïtiens qui le produisent, qu’aux étudiants qui apprennent à mesurer et à compter qu’à l’Association qui en a fait l’une de ses principales activités de financement.

Plus encore, avec le projet Carboneutre Ayiti de l’UPA-DI auquel s’est associée l’AQANU-Granby, «non seulement on fait du bien à l’être humain, mais aussi à la terre», se réjouit Julie. Cela parce que ce projet consiste à planter des arbres (dont des caféiers), «le bois étant une denrée rare en Haïti», souligne-t-elle.

Tout cela étant expliqué avec conviction, elle ne voit pas pourquoi les amateurs achèteraient d’autres cafés que celui de l’AQANU-Granby!

Inlassable Julie

D’abord secrétaire, puis trésorière d’AQANU-Granby, Julie a hâte de retourner en Haïti, elle qui s’y est rendue à trois reprises au cours de sa vie.

Née à Brossard, elle a vécu à Matagami, puis à Rouyn, même à Port-au-Prince, y vivant d’ailleurs sa première année scolaire, son père, technicien en génie civil, a travaillé à la construction de la route reliant la capitale haïtienne à la commune des Cayes.

La famille Ostiguy n’y est restée qu’une année, laissant à Julie des souvenirs bien diffus de ce pan de son enfance haïtienne.

Pour confronter ses souvenirs à la réalité et par intérêt pour le développement international, elle a participé à un stage en Haïti en 1989, organisé par l’AQANU. «Après mon cégep,  j’avais décidé d’arrêter les études pendant une année. Et c’est au cours de cet été qu’ayant vu l’offre d’un stage de six semaines en Haïti, j’ai décidé d’y participer.» Elle avait 19 ans.

Projet de plantation de riz auquel a participé Julie à Torbeck. (Photo Julie Ostiguy)

L’été suivant, elle y retourne avec une amie haïtienne rencontrée au cours de son stage de sensibilisation à Torbeck. Un voyage qui serait malheureusement impossible aujourd’hui, regrette-t-elle, se remémorant les randonnées que les deux jeunes femmes pouvaient alors faire seules dans les rues d’Haïti.

Au retour, elle reprenait le fil de ses études, jusqu’à sa maîtrise en éducation spécialisée. Elle a épousé un ingénieur, lui-même s’étant rendu en Haïti récemment pour la construction d’un hôpital.

La cause haïtienne et l’AQANU l’ont en quelque sorte rattrapée en 2010, elle qui enseigne toujours auprès de jeunes adultes au Centre de services scolaire Val-des-Cerfs après avoir œuvré pendant douze ans en rééducation au pénitencier de Cowansville.

 

Mère de trois enfants (21, 17 et 15 ans), Julie Ostiguy considère qu’elle a tout eu dans la vie. C’est ce qu’elle répond lorsqu’on lui fait remarquer que tant au plan professionnel que personnel, elle se dévoue auprès de gens plus démunis. «C’est une chance que d’avoir dans la vie quelqu’un qui nous accompagne.»

C’est cet esprit, cette volonté de vouloir «accompagner» qui, il y a une douzaine d’années, l’ont menée vers Yola Joseph Touchette, Haïtienne d’origine. «Elle voulait implanter l’AQANU à Granby à la suite du tremblement de terre en Haïti.»

Des incidences réelles en Haïti

«On a tellement de beaux projets!», s’exclame-t-elle, évoquant ceux que soutient l’AQANU-Granby, Carboneutre Ayiti et l’installation de l’aquaponie à la ferme des Petites sœurs de Sainte-Thérèse à Fort Liberté. «Quand Clément (Roy) et Pierre (Brun) nous ont parlé de ces projets, wow! Et quand on a rencontré sœur Mamoune (Marie Mamoune Maurice), wow!»

Elle dit encore que ce qui la maintient à l’AQANU, c’est que ses projets ont des incidences réelles en Haïti, participant à redonner leur fierté aux paysans. «Pour une petite organisation comme la nôtre, tenue à bout de bras bénévoles, on réussit, malgré tout, à faire de bonnes choses… à côté d’un gouvernement (haïtien) qui ne mène à rien.»

Préoccupée par la difficulté de recruter de nouveaux membres à l’AQANU, Julie se réjouit tout de même que de plus en plus, des donateurs se manifestent.

Elle a hâte que la pandémie de COVID-19 prenne fin. «Se rencontrer en virtuel, ça fait un temps. Pour solliciter et recruter, il est préférable de pouvoir le faire en personne.»

Elle garde espoir de retourner bientôt en Haïti pour le plaisir, entre autres, de constater de visu que ces arbres plantés aujourd’hui ont bien grandi. Car, en Haïti, les arbres poussent vite.

Hélène Ruel

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