L’UPA-DI et le programme économie solidaire en Haïti

Le texte est tiré du Cyber-Bulletin 9.12 de l’AQANU

La vidéoconférence spéciale tenue le mardi 2 juin entre L’AQANU-Montréal et le Conseiller stratégique de l’UPA-DI, Monsieur André Beaudoin visait à faire le point sur le programme de l’économie circulaire ou encore cuisine collective et cantine scolaire que soutient l’AQANU-Montréal dans la localité de Rivière-Froide dans la commune de Carrefour en Haïti.

André D. Beaudoin (Photo Pierre-Luc Schetagne)


Elle a été aussi l’occasion pour le représentant de l’UPA-DI d’apporter des éclaircissements sur la proposition d’utilisation de fonds destinés aux
cantines scolaires pour soutenir des personnes en situation de grande vulnérabilité sans compromettre l’approvisionnement des cantines pour la rentrée scolaire de septembre 2020.
Le programme cuisine collective très avantageux pour Haïti
D’entrée de jeu, Monsieur Beaudoin a rappelé pourquoi le programme de l’UPA-DI a été orienté vers une approche d’économie solidaire plutôt que vers des approches courantes comme le font les grands organismes d’aide humanitaire, par exemple, le Programme alimentaire mondial (PAM).
En Haïti, près de 80% de la consommation alimentaire provient des programmes alimentaires et il est extrêmement difficile pour un producteur de positionner son produit par rapport à ces nombreux programmes d’aide humanitaire dans le pays. Ce sont des compétiteurs à la production locale. Il a précisé que même si on améliorait la capacité de production des paysans, ça ne réglerait pas totalement le besoin de produits alimentaires.
L’UPA-DI a donc fait le choix de la cuisine collective et la cantine scolaire pour des enfants à partir des produits locaux. Monsieur Beaudoin a précisé que ce programme profite davantage aux bénéficiaires. Entre autres, ce programme offre aux petites productrices une meilleure perspective économique, leur permet de développer leur capacité entrepreneuriale et leur donne quelque peu un espace d’émancipation. La cuisine collective permet aux enfants d’avoir un repas équilibré, puisqu’elle est soutenue par des nutritionnistes. Il faut rappeler que 300 enfants ont été desservis dans le cadre des cantines scolaires entre janvier et mars avant l’arrivée de la COVID-19 en Haïti.
Les paysans, quant à eux, peuvent vendre leurs productions localement évitant ainsi de se rendre sur les marchés de Port-au-Prince. L’économie circulaire est ainsi assurée.
Stratégie de sortie et relais local
À savoir s’il y a une perspective de transfert de capacité et/ou de relais du programme vers la population bénéficiaire, Monsieur Beaudoin a précisé qu’il y a des ambitions que ces programmes soient repris graduellement par
des programmes gouvernementaux. Même si cela ne semble pas être réalisable pour le moment. En plus, les femmes engagées dans le programme, de leur côté, ne souhaitent pas trop que les autorités locales prennent le contrôle, mais préfèrent garder leurs activités et leurs revenus.
Le représentant de l’UPA-DI reste confiant et pense que son approche d’économie circulaire, c’est une bonne démarche pour créer une plus grande dynamique locale et que graduellement et à long terme, la communauté se prendra davantage en main.
UPA-DI et acteurs locaux
Il y a un effort qui se fait pour travailler avec les acteurs locaux (autorités administratives) dans le cadre du programme. Un premier rapprochement a été fait en ce sens auprès de quelques-uns d’entre eux. Monsieur Beaudoin a toutefois souligné que vu les faiblesses de l’État, greffées sur le contexte actuel, il n’est pas évident de dire qu’il va pouvoir prendre le relais. En tout cas, pas tout de suite.
Concernant la demande de modification de Fonds pour la cantine scolaire
Des fonds dédiés aux cantines scolaires n’ont pas été dépensés à cause de la pandémie. UPA-DI a proposé que ces fonds soient affectés, pour une période de trois mois, à la préparation des repas destinés aux enfants défavorisés, aux femmes enceintes et aux familles démunies.
AQANU-Mtl ainsi que tous les autres organismes membres de La Table des partenaires des cantines scolaires ont accepté ce transfert de fonds. Cette opération ne compromet aucunement la réouverture des cantines lors de la prochaine rentrée scolaire. Cependant, l’annonce n’a pas encore été faite à la communauté haïtienne. Par rapport à cette proposition, AQANU-Mtl a suggéré au représentant de l’UPA-DI d’orienter ce projet vers une approche de restaurant communautaire. La proposition a été bien accueillie par Monsieur Beaudoin qui a promis de voir, avec ses collègues, à la faisabilité de cette suggestion.
Activités de l’UPA-DI en Haïti et possibilité de déploiement sur le terrain
Monsieur Beaudoin a profité de la vidéoconférence pour faire un peu le point sur la gestion des activités de l’UPA-DI en Haïti pendant la pandémie.
· Si, pour le moment, les responsables font de leur mieux pour gérer les choses à distance avec les collègues en Haïti, il sera possiblement compliqué de donner les formations vu les faiblesses en matière d’énergie, des technologies de l’information et de la communication sur le terrain.
· Tant qu’il n’y a pas de vaccins, il n’y aura pas d’envoi de formateurs sur le terrain, selon les décisions des autorités canadiennes. Mais, il pourrait y avoir une petite ouverture pour l’UPA-DI en ce sens bien que ça ne soit pas pour maintenant.


Jean Max St Fleur

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